CHEZ LES AMERICAINS
 
Au moment de leur déclaration de guerre, les Américains ne possèdent pratiquement pas de ballons militaires, et les premiers éléments de l'A.E.F. sont dotés de matériel français dès leur débarquement. Les Etats Majors comprennent heureusement très rapidement l'immense intérêt que présente l'observation en ballon et des dispositions sont prises pour qu'un matériel complet, semblable à celui utilisé avec succès par les Français, soit mis en fabrication en Amérique.
 
Les plans de ces ballons sont donnés gracieusement par la France avec l'accord de l'inventeur Caquot.
usine de campagne pour la fabrication de l'hydrogène
   
Ballon captif USA modèle R en 1920
20 ballons de type « R » fabriqués en France sont donnés aux américains. Puis, les ballons fabriqués aux U.S. sont reçus en quantité suffisante : en tout 265 ballons américains, dont 30 furent fournis aux Français et 15 aux Britanniques à leur demande.

Le treuil à ballons français à double moteur connu sous le nom de « Caquot » est considéré le plus efficace de ceux qu'on a mis au point à cette époque. 50 de ces treuils sont donnés par les Français. Ils sont ensuite reproduits aux U.S. mais aucun d’eux ne sera livré en France.

Quant à l’hydrogène, sa fourniture est assurée en mettant en commun avec les Français toutes les ressources, y compris les produits chimiques et les bouteilles de gaz comprimé, 51.345 sont envoyés par les U.S. dont 35.545 sont remplies à la réception.

La France reçoit aussi des US 1.857 tonnes de ferrosilicium, transportés par bateau et qui servent à la production d'hydrogène (27 millions de m3) en attendant la construction à Paris de la plus grande usine d’hydrogène qui aurait produit 130.000 m3 quotidiens. Cette usine aurait fonctionné à partir du1er mars 1919.

Il est aussi prévu la création avant le 1er juin 1919, de 133 compagnies américaines de ballons.

Pour former les observateurs, une école, copiée sur la célèbre école française de Vadenay, est ouverte, mais l'instruction des officiers et du personnel est difficile car les officiers n’ont aucune expérience préalable des ballons. De plus, le recrutement des observateurs venus de l'artillerie n’est pas satisfaisant : quand les officiers d'artillerie sont affectés à l'observation en ballon contre leur gré, le résultat est une perte de temps et d'efforts.

Pour exemple, faute de personnel qualifié, la 2ème Compagnie de ballons, en 10 mois, n’est relevée qu'une seule fois sur la ligne de front et pour une semaine seulement.

De février jusqu’à l’Armistice, deux compagnies de ballons américains signalent dans des rapports de surveillance avoir effectué 1118 repérages de convois sur route ou sur voies ferrées et 400 batteries sont signalées en action. Ceci au prix de nombreuses attaques contre les ballons dont 35 brûlèrent.

L'inspection et la réparation des ballons, le réglage des cordages, la réparation des parachutes, sont effectués dans des bâtiments situés à Romorantin. Ce dépôt inspecte et règle 163 ballons et fait des réparations importantes sur 28 ballons et 74 parachutes.

Les ballons la première arme aérienne de l'Armée Américaine servirent en prêtant des yeux aux armées alliées.
Nacelle d'un ballon Américain M2 le 17/04/1917
   
CHEZ LES ANGLAIS

Avant la guerre de 1914, l'aérostation militaire n'existait pratiquement pas en Angleterre. Une section spéciale du Royal Flying Corps est chargée de créer l'aérostation d'observation.

Elle réforme les régiments qui imposent à tout le personnel s'occupant des ballons un grade d'officier, puis, ensuite, celui d'ingénieur et crée la première école d'observation.

Le brevet d'aéronaute est encore maintenu quelque temps pour les candidats observateurs car un certain nombre de ballons captifs peuvent devenir des ballons libres après rupture de câble occasionnée par le vent ou par des obus. Il paraissait raisonnable et même indispensable de connaître la théorie de la conduite des ballons libres et le brevet de pilote devait être la première étape de l'instruction des observateurs en ballon.

Le nouveau ballon Caquot vient d’arriver dans une compagnie anglaise. (photo de droite)
Il fait l'admiration des observateurs. Mais le câble vient à casser au cours d'une manoeuvre et le ballon s'envole sans observateur à bord. C'est une véritable catastrophe si le premier exemplaire de ce nouveau type de ballon tombe entre les mains des Allemands.

L'ordre est immédiatement donné à l'artillerie anglaise de l'abattre, mais le tir est mal réglé et le ballon monte toujours. Les Allemands ignorent encore qu'il s'agit du premier ballon Caquot et le vent le pousse à l'intérieur des lignes ennemies.

Quelques semaines plus tard, on apercevait des copies du Caquot sur tout le front, mais non pas du côté français ou anglais, mais du côté allemand. Et pendant ce temps, les observateurs français durent encore utiliser pendant plusieurs mois les ballons de l'ancien modèle dont les balancements étaient si pénibles à supporter.
CHEZ LES ALLEMANDS

Alors que les bataillons d’aérostation sont supprimés en France, I'Etat-Major Allemand construit des Drachen, mis à la disposition de l'artillerie ainsi qu'un personnel qualifié, dès le mois de septembre 1914.
Pendant tout le cours de l'année 1915, les ballons servent presque exclusivement à l'observation d'artillerie. Ils prennent aussi des photos dont la qualité s’améliore, les distances focales passant de 80 cm à 1 m 20.

Mais malgré la supériorité de leur Drachen sur le ballon sphérique français (modèle déjà en usage au siège de Maubeuge en 1794), les Allemands ont à surmonter de nombreuses difficultés pour mettre au point une méthode rationnelle d'utilisation.

L'étoffe servant à la confection des ballons allemands est imperméabilisée à l'aide de caoutchouc synthétique qui supporte beaucoup moins bien la chaleur, le soleil ou le froid, que les enduits français et leurs ballons consomment, par porosité, plus de gaz. Il devient impossible de les remplacer suffisamment vite.

De plus, l’aviation de chasse, française et surtout anglaise, est agressive. Les ballons allemands subissent des pertes sévères à partir du jour où les aviateurs les mitraillent avec des balles incendiaires. Parmi les aérostiers, un découragement important. C’est pourquoi, il faut souvent désigner d'office les observateurs allemands et leur recrutement traverse une crise grave.

Afin de réduire l'hécatombe des ballons et des observateurs, il est interdit aux ballons d'ascensionner à plus de 500 mètres afin de laisser à l'observateur une meilleure chance de survie. Devant les difficultés de l'aérostation allemande l'état d'esprit des troupes est au plus bas. Pendant cette même période l’effet des ballons français, mieux équipés et avec des observateurs de valeur, est déprimant pour les mitrailleurs allemands.
Drachen. ballon cerf-volant allemand de 1916
 
Mais, les Anglais ayant laissé s’échapper un ballon Caquot du type M vers les lignes allemandes, la copie et l'adoption de ce nouveau modèle de ballon ouvre un champ nouveau à l'activité des aérostiers allemands. (photos ci-dessous)