L'EXPEDITION DU " NORGE " |
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Umberto Nobile (à droite) fut un des pionniers et des personnalités les plus élevées de l'histoire de l'aviation italienne. Ingénieur aéronautique, il devint célèbre pour avoir piloté le premier avion qui survola le Pôle Nord et, surtout, pour ses deux traversées en dirigeable sur le Pôle.
Roald Amundsen (à gauche) est un explorateur polaire norvégien. Il est le premier homme à avoir atteint le pôle Sud en 1911.
Partis le 11 mai du Spitzberg à bord du dirigeable le Norge, avec le sponsor américain Lincoln Ellsworth, ils arrivent quatre jours plus tard sur les bords du détroit de Béring. Un trajet à vol d'oiseau de 3.400 kilomètres environ, beaucoup plus selon Nobile. |
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Quelques précisions sur le Norge, son personnel et son équipement. Le dirigeable mesure 106 mètres de long pour un volume de 18.500 m3 ; sa limite de charge est 10,3 tonnes. Avec ses trois moteurs il atteint 115 Km/h, et avec deux seulement, 70 Km/h ; à cette dernière allure la consommation horaire d'essence et d'huile s'abaisse à 95 kilos. Etant donné le trajet à effectuer, près de 7 tonnes de carburant et de lubrifiant furent embarquées.
L'équipage comptait 16 hommes : 9 Norvégiens, un Américain, Lincoln Ellsworth, mécène de l'expédition, le colonel Nobile, capitaine du dirigeable, et 5 mécaniciens italiens.
Dans une entreprise aussi aventureuse, il faut prévoir les accidents.
Aussi, pour le cas où le dirigeable ferait naufrage sur la banquise, emportait-on deux mois de vivres, des traîneaux, des skis, des canots pliants, des tentes, bref, tout le matériel nécessaire pour opérer la retraite à travers le grand désert polaire.
Près du village de Ny Aalesund, on avait dressé pendant l'hiver un hangar en charpente recouvert de toile, ainsi qu'un mât d'amarrage pour le cas où le vent ne permettrait pas d'amener l'aéronef dans ce hangar. |
L'entrée au port, de même que la sortie d'un dirigeable, exige le concours d'un nombreux personnel ; la main-d'œuvre n'étant guère abondante à Ny Aalesund, le gouvernement norvégien avait envoyé un navire de guerre à la baie du Roi pour aider l'expédition.
Grâce à ce renfort et à l'absence de vent au moment de l'arrivée, le Norge fut remisé dans son hangar sans aucun incident.
La première partie du voyage, celle qui éveillait le plus d'appréhension chez les spécialistes, se trouvait ainsi heureusement terminée.
Au cours du trajet de Rome au Spitzberg (7.600 kilomètres en comptant tous les zigzags de la route), aucun organe du ballon n'avait éprouvé la moindre défaillance ; tout avait marché à souhait. Ce succès autorisait les plus grands espoirs pour la suite des opérations.
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Les mécaniciens procédèrent à une révision minutieuse des moteurs afin de pouvoir prendre l’air dans de bonnes conditions. Mais à peine les préparatifs sont-ils commencés que la brise " force " et le départ retardé.
Dans la matinée du 11 mai, la brise mollit, le ciel se dégage et, bientôt, un soleil radieux luit dans un air calme. Il n'y a plus à hésiter et à 9 h.35 la délicate sortie du hangar est terminée. Une fois sorti de la baie du Roi, le dirigeable suit vers le Nord la côte Ouest du Spitzberg, et, après avoir survolé l'île des Danois, s'engage au-dessus de la grande banquise, le cap droit vers le pôle.
Enfin, le 12 mai, à une heure, le lieutenant Rüser-Larsen, qui remplit les fonctions d'officier des montres à bord du Norge, annonce l'arrivée au pôle Nord. La victoire est remportée !
Une fois au pôle, le Norge décrivit plusieurs circuits au-dessus de ce point, puis successivement Amundsen, Ellsworth et Nobile lancèrent par-dessus bord, sur la banquise, les pavillons de leur pays.
Du pôle, le cap fut mis droit au Sud sur la pointe Barrow, le cap le plus septentrional de l'Alaska. Le ballon fait bonne route dans cette direction à la vitesse de 80 Km/h.
Après un silence radio de plusieurs jours, un télégramme annonça l'arrivée de l'expédition à Teller, au Nord de Nome, le 15 mai. L'expédition a accompli un magnifique exploit.
Après le voyage du Norge, Amundsen annonce sa retraite. |
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L'EXPEDITION DE L'ITALIA |
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Nobile revint au Pôle Nord comme commandant du dirigeable Italia.
L’Italia est un dirigeable semi-rigide en forme de cigare, d’un volume de 18.500 mètres cubes, 115 m de long et dépourvu de toute armature métallique hormis à l’avant, ce qui lui permet de s’ancrer à un mât et lui assure une certaine rigidité uniquement apportée par la pression de l’hydrogène qui se trouve dans des cellules situées dans la partie supérieure de l’enveloppe. Dessous, des compartiments sont remplis d’air dont la |
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pression variable maintenait l’enveloppe bien tendue. |
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L’aéronef est propulsé par trois moteurs Maybach de 2.500 CV pour une vitesse de pointe de 120 km/h.
L’enveloppe est renforcée d’une couche supplémentaire de toile caoutchoutée pour éviter la projection de glace et rendre plus difficile la condensation. En tout, 1.500 kg d’équipement, 2.000 kg de lest, 350 kg d’huile, et 4.300 kg d’essence sont chargés à bord.
Cette nouvelle expédition partit le 15 avril 1928, de Milan. Le voyage de 1.900 km jusqu’au bord de la Baltique durera trente heures et sera extrêmement difficile : situation météorologique mauvaise. Le 16 avril l’Italia, endommagé, atterrit à proximité de Stolp en Allemagne. Nobile donne l’ordre d’effectuer les réparations qui durèrent 10 jours. Il repartit le 3 mai pour effectuer le trajet Stolp – Stockholm (650 km). Le 4 mai, il atterrit à Vadso, étape de ravitaillement en combustibles et en vivres. Il repartit le 5 mai et le lendemain il était prêt à atterrir au Spitzberg. |
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Nobile établit le contact avec le navire de base de ravitaillement et demande un renfort d’hommes pour aider à l’atterrissage, son commandant Romagna refuse de lui apporter la moindre aide prétextant que les hommes du navire n’étaient pas tenus d’effectuer des corvées à terre. Ce furent les mineurs de la base de Ny Aalesund qui après deux heures d’effort amarrèrent le dirigeable à son mât.
Les projets de Nobile, après avoir remis en état le moteur défaillant, étaient d’effectuer cinq grands vols de reconnaissance en mai et dans les premiers jours de juin.
Le 23 mai, seconde reconnaissance, avec des conditions de vent pour l’instant favorable, mais qui ne le seraient plus lors du trajet du retour, vers la baie du Roi le 24 mai. Nobile comprit que l’expédition se trouvait vraiment en péril. Il fut dans l'impossibilité d'atterrir comme prévu à cause des mauvaises conditions climatiques. Nobile donna l’ordre de couper les moteurs et de larguer la chaîne d’équilibrage, mais la chute fut rapide et il s'écrasa probablement à cause de la glace accumulée sur le ballon et la surcharge qui a suivi.
Dix hommes, parmi lesquels Nobile, furent jetés sur la glace pendant que le dirigeable reprenait de la hauteur emportant avec lui les autres membres de l'équipage, destinés à disparaître sans trace. Les survivants, heureusement, se trouvèrent entourés de matériels tombés avec l'impact de la nacelle, de la nourriture, une radio et la célèbre Tente Rouge dans laquelle ils s'adaptèrent à vivre pendant sept semaines.
Amundsen n'hésite pas à participer aux recherches. Il s'embarque à bord d'un hydravion français, le Latham 47, avec deux coéquipiers, René Guilbaud et Gilbert Brazy, et décolle de Tromsø le 18 juin 1928. L'avion ne reviendra jamais. On retrouvera son épave des mois plus tard ainsi qu'un radeau primitif composé d'un flotteur et d'un bidon, signe que des hommes avaient survécu au crash.
Après un mois de recherches, Nobile fut sauvé avec un petit avion suédois. Au total, sept personnes de l'équipage de l'Italia périrent. |
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Amundsen & Nobile on North pole 1926/1928 part1 (Norge) |
Amundsen & Nobile on North pole 1926/1928 part2 (Italia) |
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